Date de publication : Oct 04, 2012 2:40:44 PM
J’ai voulu vous faire partager ce moment privilégié.
Dans les gradins qui surplombent le tapis de 840 m², quelques parents venus accompagner leurs enfants, des plus grands et des anciens qui attendent l’heure de leur cours.
Profitant d’un déplacement au Japon, j’ai eu la chance de me poser au Kodokan pour assister à une séance d’entrainement.
Le batiment, 8 étages, est situé en plein centre de Tokyo. Devant le bâtiment, une statue de Jigoro Kano. Et juste à coté de la porte d'entrée une affiche avec un beau sourire français en la personne d'Automne Pavia sur le podium des -57 au JO de Londres, elle tiens compagnie à la japonaise Kaori Matsumoto, à Corina Caprioriu la roumaine et Marty Malloy l'américaine.
Sur le tapis à mon arrivée, un groupe d’une trentaine d’enfants de 8 à 12 ans s’échauffent librement en pratiquant des jeux de course et de mouvements. Puis le plus gradé d’entre eux se charge de diriger un échauffement plus spécifique et bien huilé pendant que les professeurs discutent dans un coin du dojo. Travail progressif des muscles, des membres et du cou, articulations, pompes, abdominaux, le tout rythmé par un décompte des mouvements. Petit à petit le groupe s’est étoffé, ils sont maintenant près d’une quarantaine, rejoints par des adultes et des vétérans qui se sont rapproché du tapis à l’approche de leurs cours. Il est étonnant (quoi que pas si surprenant en réalité) de voir chaque nouvel arrivant faire le tour du dojo pour saluer tous les professeurs ainsi que les anciens, ce n’est qu’après ce cérémonial qu’ils montent sur le tatami.
Cela fait maintenant près d’une heure que la séance a commencée et l’échauffement s’est poursuivi par une séance de déplacements, simple tel qu’on les pratique au club, puis plus complexes, intégrant des rotations et un travail de changement d’appui toujours bi-latéralisé, à droite et à gauche.
Le groupe se sépare en 4 groupes d’une dizaine d’enfants répartis par catégorie d’âge en ateliers techniques : travail au sol pour les plus de 10 ans, travail sur tai otochi pour le groupe des plus jeunes. Le professeur décompose la prise en insistant sur les détails techniques, les détails qui la rendont efficace. Tous écoutent avec une grande attention. Puis 2 par 2 les élèves mettent en pratique. Fini le semi chahut désordonné de l’échauffement libre, on sent de la rigueur et de l’application. Je suis frappé par la maitrise technique de ces enfants, que ce soit les plus jeunes (nos poussins) ou les plus grands (benjamins minimes) : il a de la précision et de la vitesse. Cette impression est encore accentuée lors des randoris qui clôturent la séance d’entrainement : alternance de 2x2minutes (2min de randori au sol suivi de 2 min de randori debout), récupération de 30 secondes entre 2 séries, juste le temps de changer de partenaire. Personne ne s’assoit au bord du tapis, il y a bien quelques bavardages ci et là, mais l’engagement est bien réel, ils recherchent le Ippon et alternent déséquilibres et accélérations.
Pendant les randoris des enfants, un cours d’adultes a débuté ou se côtoient ceintures noires et débutants. Eux aussi répètent le même échauffement, toujours dirigé par le plus gradé. Le professeur reprend les rênes du cours pour le travail technique : travail de déplacements, puis répétition d’ippon seoi nage sans partenaire. S’en suit une série d’uchi-komi avant de poursuivre par du travail au sol. Le cours des enfants s’est terminé, des vétérans ont pris la place sur le tatami pour un travail de kata, ainsi que 2 octogénaires qui font randori comme si ils avaient encore leurs jambes de 20 ans.
Il a malheureusement fallu que je quitte ce lieu mythique, un peu à regret tant s’en dégageait une impression à la fois de de solennité, de quiétude et de bonheur à ensemble sur le tapis.
P. Cance